Légende : Schéma en coupe du canal anal. Il s’agit du conduit par lequel passe les selles au moment de la défécation. Long de 2 à 5cm, il est entouré d’une double couche musculaire appelée sphincter de l’anus. Le sphincter interne (SI) assure la continence au repos. Le sphincter externe (SE) est contracté volontairement pour retenir les selles au moment d’une urgence défécatoire. Dans le cadre de la fissure anale, le SI est habituellement contracturé, ce qui gêne la cicatrisation de la fissure.
Les fissures anales existent également chez le jeune enfant mais la guérison est généralement obtenue sans traitement chirurgical. La déchirure du canal anal se produit lors d’un effort de défécation. Beaucoup plus rarement, une fissure anale ne cicatrisant pas s’avérer être un signe de maladie inflammatoire touchant l’anus, ou une tumeur du canal anal.
Symptomatologie de la fissure anale
Le principal symptôme est une douleur qui évolue typiquement en 3 temps. Elle apparaît lors du passage des selles, s’efface quelques minutes pour ensuite devenir intense et durer plusieurs heures. Il s’agit souvent d’une douleur intolérable accompagnée quelques fois par des petits saignements.
L’examen clinique réalisé par le médecin est souvent impossible compte tenu de la douleur qu’il occasionne et c’est grâce à l’interrogatoire et aux caractéristiques de la douleur que le diagnostic sera fait. La fissure anale siège le plus souvent sur le versant postérieur du canal anal et peut évoluer par plusieurs poussées successives pour devenir chronique. Elles peuvent parfois se surinfecter.
Traitement des fissures anales
Le but du traitement est de supprimer les douleurs, de favoriser la cicatrisation et de prévenir la récidive.
La première phase est médicale. Le traitement comprend des médicaments antidouleur, des laxatifs pour lutter contre la constipation, et des traitements locaux aidant à la cicatrisation.
En cas d’échec ou si la fissure est déjà au stade chronique, le traitement devient chirurgical. Lors de l’intervention, habituellement réalisée sous anesthésie générale, le chirurgien confirme le diagnostic, fait des prélèvements pour une analyse des tissus, et réalise le traitement chirurgical le plus adapté.
Les gestes les plus réalisés sont :
La fissurectomie
Elle correspond à l’exérèse des tissus fibreux au niveau de la fissure. Ce geste diminue les douleurs et enlève un obstacle à la cicatrisation.
L’anoplastie (lambeau d’abaissement muqueux)
Ce geste consiste à libérer la muqueuse à proximité de la fissure de façon à suturer sans tension des tissus sains et bien vascularisés pouvant accélérer la cicatrisation.
La sphinctérotomie latérale interne
Il s’agit de la section partielle du muscule scphincter interne. Ce geste a pour but de diminuer la contracture du sphincter interne. Bien qu’efficace, ce geste est à risque de conduire à une incontinence transitoire (10 à 15% des cas) voire définitive (<5% des cas). Ce geste est habituellement réalisé qu’en cas de récidive de la fissure.
L’injection de toxine botulinique dans le sphincter interne
Cet acte aboutit à une paralysie partielle du muscle sphincter, pendant 3 à 6 mois, soit le temps de la cicatrisation définitive de la fissure anale. Bien que moins performante que la sphinctérotomie latérale interne, elle évite le risque d’incontinence définitive.
Ces gestes peuvent être réalisés associés afin de traiter toutes les composantes de la fissure anale.
Cette intervention se fait en hospitalisation de jour. Dans les jours suivant, les soins locaux à réaliser sont un rinçage à la douchette après chaque selle, et une douche quotidienne au savon. Aucun soin infirmier ou pansement n’est nécessaire.
La douleur est habituellement plus faible après l’intervention qu’avant. Néanmoins il est recommandé de consommer les antalgiques prescrits par votre chirurgien. De même le traitement laxatif est à poursuivre pendant environ 1 mois.
Une consultation chirurgicale est prévue entre 3 et 5 semaines après l’intervention.